La vie : une espèce en voie d’apparition ?
Une fois les campagnes électorales passées, force est de constater que bien des thèmes importants, dit de société, n’ont pas fait recette. Un rapide regard sur le paysage politique suffit pour comprendre qu’ils risquent de ne pas revenir sur le devant de la scène avant un certain temps, si ce n’est sous la forme de tsunamis médiatiques, qui ne feront sûrement pas dans la nuance.
Par le Père Louis-Marie Guitton
Responsable de l’Observatoire sociopolitique du diocèse de Fréjus-Toulon
C’est une chose vue et entendue : on ne revient généralement pas sur des réformes présentées comme des victoires contre les discriminations de toutes sortes[1] (« mort dans la dignité », bioéthique, redéfinition de la famille…), alors on nous l’annonce déjà : autant ne pas tarder sur ces points ! … Il est donc probable que les catholiques français en seront pour leurs frais. La question n’est pourtant pas de savoir s’il faut mener le combat ou pas, mais de cultiver d’autres ambitions qu’un Camerone catho pour les prochaines échéances législatives (euthanasie, mariage gay…).
Dans ma circonscription, aux dernières législatives, on comptait pas moins de quatre candidats -sur une douzaine- se réclamant de partis dits ouvriers, sans parler de celui du Front national, qui se dit le premier parti ouvrier de France. Loin de moi l’idée de penser que la défense des ouvriers serait sans importance, mais il est légitime de s’interroger si cette question doit toujours être placée aujourd’hui au cœur du débat politique.
Si la défense de la classe ouvrière, opprimée dans ses droits fondamentaux, méritait effectivement d’être considérée comme la question sociale au siècle dernier, il semble bien qu’aujourd’hui une autre catégorie de personne est bafouée dans ses droits fondamentaux : la question de la vie humaine est devenue la nouvelle question sociale. C’est ce qu’affirmait avec force le Bienheureux Jean-Paul II dans son Encyclique Evangelium vitae il y a un peu plus de quinze ans[2].
L’existence encore nombreuse de partis ouvriers devrait nous faire réfléchir : devenus peu à peu anachroniques, leur déclin n’a pas été accompagné de partis mettant la vie humaine au centre de leur engagement politique, du moins chez nous. Mais où sont donc les partis pro-vie ? Les catholiques français épilogueront-ils encore longtemps pour savoir si on va les reconnaître derrière leurs positions résolument pro-vie ? L’heure n’est pas à la Contre-Réforme ou à la restauration d’un ordre social chrétien. Il est temps que l’engagement des chrétiens en politique revête des formes nouvelles, non pas anachroniques, mais prophétiques. Le chrétien, disait Paul VI, considère le monde en le regardant depuis l’avenir. C’est à partir cette vision prophétique qu’il convient de bâtir tout projet politique, … une vision d’avenir !
Qu’ils se lèvent ces partis ou mouvements bio ! L’attention à la vie humaine, à toute vie humaine, à sa fragilité et à sa vulnérabilité sera notre priorité et la clé de notre engagement ! Respecte, défends, aime et sers la vie, toute vie humaine[3]! sera notre devise. La dénonciation vigoureuse et compétente restera nécessaire[4] : elle doit s’accompagner de la défense de ceux qui sont pauvres, menacés, méprisés dans leurs droits (enfants à naître, vieillards, handicapés, SDF, tous les économiquement inutiles… sans oublier notre environnement) en un mot vulnérables. « La nouvelle évangélisation ne peut faire abstraction de l’annonce du droit inviolable à la vie »[5] et de l’édification d’une nouvelle culture de la vie humaine.
[1] Combien faudra-t-il de temps en Espagne pour que les lois injustes soient dénoncées et abrogées ?
[2] Bx Jean-Paul II, Evangelium vitae, n°5 : « Il y a aujourd’hui une multitude d’êtres humains faibles et sans défense qui sont bafoués dans leur droit fondamental à la vie, comme le sont, en particulier, les enfants encore à naître. Si l’Eglise, à la fin du siècle dernier, n’avait pas le droit de se taire face aux injustices qui existaient alors, elle peut encore moins se taire aujourd’hui. »
[3] Idem.
4] Voir : [Pierre-Olivier Arduin pour Liberté Politique ; Tribune de La Libre Belgique
[5] Bx Jean-Paul II, Lettre aux évêques du monde entier, 19 mai 1991.
Publié le 14.09.2012.
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