Steven J. Gunnell, producteur et réalisateur : « Je travaille comme si j’étais dans une chapelle ! »

« Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde», disait sainte Catherine de Sienne. Le parcours de Steven J. Gunnell, ancien membre d’un Boys Band devenu aujourd’hui un talentueux réalisateur, en témoigne.

Chanteur du groupe Alliage dans les années 90, il connaît les sirènes de la gloire, avant de tout perdre et tomber au plus bas. Suite à une conversion spectaculaire, il comprend que le Christ l’appelle à autre chose. Un temps comédien, il cherche sa voie jusqu’au jour où il saisit une caméra. Sans aucune formation, il  se lance, soutenu par sa femme, dans la réalisation de films.

Rencontre avec un artiste habité.

L’Une : Aujourd’hui, vous avez 44 ans, êtes marié avec Sabrina et père de deux enfants, quel regard portez-vous sur votre parcours hors norme ? Êtes-vous apaisé ?

Les 25 premières années de ma vie ont été mouvementées. J’avais une telle soif de vivre que je partais dans tous les sens ! Quand j’ai quitté le domicile familial, je rêvais de devenir comédien à Paris ou à Hollywood, puis j’ai atterri par hasard dans le groupe Alliage. Le phénomène des Boys Band m’a fait passer trop rapidement de l’anonymat à la célébrité, de la pauvreté à l’opulence. Et la chute a été violente : j’ai connu l’endettement, le rejet, la dépression. Dans le succès comme dans l’épreuve, je n’ai jamais été en paix. Ma rencontre avec le Christ a été déterminante pour me conduire jusqu’ici, car il m’a relevé… Mon passé m’a donné une conscience aiguë de la société dans laquelle on vit et je ne suis toujours pas apaisé. Heureusement la prière me procure des oasis en donnant du sens à ce que j’ai traversé.

 

Votre conversion est une première étape de foi qui se nourrit ensuite de votre rencontre avec Sabrina, elle aussi convertie. Voyez-vous votre épouse comme un don de Dieu sur votre chemin de foi ?

Il y a 20 ans, j’ai reçu une grâce de conversion, en faisant l’expérience de la présence vivante et palpable de Dieu. J’ai ressenti, pour la première fois de ma vie, une grande paix m’envahir. Quand j’ai rencontré Sabrina, j’ai retrouvé cette même paix bienfaisante. Elle était une évidence pour moi et j’ai senti que le Seigneur me l’envoyait pour établir un projet de vie. Même si la peur de l’engagement restait présente dans le vieil Adam que j’étais, nous nous sommes mariés. Mourir à soi est un combat quotidien, et Sabrina est un don de Dieu pour y arriver ! Aujourd’hui, nous nous épanouissons tous les deux en réalisant nos films à quatre mains.

 

Votre conversion a entraîné une reconversion professionnelle. Comment avez-vous senti que vous étiez appelé à réaliser ce type de documentaires ?

Nous avons créé notre entreprise le 22 octobre 2012, jour de la fête de saint Jean-Paul II, pour qui j’ai une grande admiration. En un peu moins d’un an, nous avons mûri notre vocation : nous voulions donner du sens à notre travail et partager notre amour du Christ. L’art nous animait, nous dépassait, mais nous sentions que nous avions besoin d’aller encore plus loin. Nous avons décroché notre première mission catholique en réalisant le film des 150 ans de Notre-Dame de l’Assomption à Paris. Nous nous sommes alors rendus compte que nous étions capables de nous professionnaliser dans la création de documentaires.

Quant à notre premier long-métrage Fais-moi vivre, il nous a été inspiré à Notre-Dame des Victoires en assistant à la conférence d’un vieil ami, que nous avions perdu de vue, le comédien Damien Ricour. Le cancer l’avait gagné, il avait perdu un œil et le témoignage de foi, qu’il donnait avec sa femme, nous a retournés. Je ne l’avais pas vu depuis des années, mais à la fin de la soirée, malgré la pénombre, il m’a reconnu. J’ai alors eu le sentiment d’être le Fils prodigue et ces retrouvailles ont été une véritable révélation. Nous avons commencé à tourner ensemble, mais sa santé s’est ensuite très vite détériorée. Il m’a demandé de finir ce que nous avions commencé et a livré un magnifique témoignage de 52 minutes sur la Vie dans l’épreuve de la maladie incurable.

 

Comment le Seigneur vous guide-t-il au quotidien ? Quels sont les derniers signes qu’il a mis sur votre route ? 

Je travaille comme si j’étais dans une chapelle. J’offre mes mains, mes talents au Christ, et c’est lui qui compose. Je suis un instrument, rien ne se fait sans lui !

Pour notre prochain film, ETERNAM, qui sortira à la Toussaint, il nous a clairement montré le chemin en nous faisant rencontrer les bonnes personnes. Nous avons très tôt eu l’intuition de tourner un film autour de l’âme, mais nous ne savions pas comment nous y prendre. Une question se posait : comment garder la foi quand la mort frappe? Et la parole « Qui croit en moi aura la vie éternelle » lui faisait inlassablement écho. De Padre Pio, le sujet plus évident, à la jeune Anne-Gabrielle Caron, dont le procès en béatification est ouvert dans votre diocèse, tout en passant par le Père François Potez, chaque intervenant nous a été donné ! Avant de nous lancer, je traînais un peu les pieds à cause du budget qui reste toujours la partie la plus délicate de notre travail. J’ai alors dit au Seigneur : « Si je n’ai pas la moitié du budget du film, je ne lève pas le petit doigt ». Le lendemain, j’étais contacté sur Facebook par une dame, qui avait reçu un héritage et souhaitait nous en faire profiter, car elle appréciait notre travail. Le budget de nos longs-métrages tourne aujourd’hui autour de 50 000 à 85 000€ selon le format. Et je ne sais pas comment nous avons fait pour en arriver là !

 

Quelle parole de la Bible vous touche particulièrement et vient régulièrement nourrir votre prière ?

La parole du psaume 33 « Qui regarde vers lui resplendira » m’a longtemps guidé. Mais en ce moment, je suis porté par le texte choisi par les Ricour au moment de leur mariage : « si tu veux servir le Seigneur, prépare-toi au combat ». J’ai récemment découvert, du côté de Vannes, à Malestroit, la mystique Mère Yvonne-Aimée de Jésus qui disait : « si le Seigneur te visite, prépare-toi à être visité par le diable ». Je suis frappé par le déchaînement de notre société sur les grands enjeux de la vie. Pour moi, Marie reste la meilleure arme. C’est elle encore aujourd’hui qui écrase la tête du serpent. Comme à Bargemon quand le père Philippe-Marie lui dit oui en la remettant au cœur du village !

 

Quel est votre programme cet été dans le Var ?

Nous viendrons en famille dans un cadre professionnel et serons heureux de retrouver nos amis irakiens de Bargemon. Nous rendrons également visite à Notre-Dame de Consolation que j’aime beaucoup. Et terminerons par Cotignac pour le Jubilé des apparitions.•

 

propos recueillis par Lætitia d’Hérouville

 

Steven J. Gunnell et un couple d’Irakiens lors du tournage à Bargemon.


Filmographie de Steven J. et Sabrina Gunnell (KREA-Film-Makers) :

Fais-moi vivre (2017)

Gaspard, soldat de l’amour (2018)

Le sanctuaire retrouvé (2019)

ETERNAM (oct. 2019)

 


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